Lieu de rencontre.



Toi, qui m’a touché de cette tendresse tellement infinie.

Source de détresse, source de bonheur, source d’un tel adieu.

Mon impatience qui te renferme.

Rend-moi patient, tu m’as rendu tendre.

Je suis tellement las d’attendre, étant la main qui tente de te répondre.




(09-02-02)

Devenir.



Je suis air.

Je suis terre.

Je suis son.

Je suis lumière.

Je suis force.

Je suis liberté.

Je suis grâce.

Je suis conquête.

Je suis. Ne sois pas une fille.

Lueur.



Si seulement tu aurais un peu de temps.

Si seulement tu aimerais bien ne rien faire.

Si seulement tu pourrais m’oublier,

attraper mes rêves, accabler ma folie.

Il faut que tu saisisses mon corps.

Il faut que tu déchires mon cul.

Caresse-toi autour de moi, je suis l’os qui prends ta forme,

je te dirige, irrigue-moi. Laisse-moi devenir,

la voix qui t’obnubile, la force qui te séduis,

je suis faiblesse. Faiblesse d’amour,

ouverture blessée, je suis l’état fabuleux de l’être.

Je suis lumière, je suis haleine, prends souffle.

Bouge, deviens esprit. Soyons heureux, otages de la joie,

soyons nombreux, compagnons, l’un comme l’autre.

Si seulement, fortement sensible à ce peu de poésie,

à ce désir en guerre avec les morbides apparences du réel.




(07-04-02)

Offre.



Demande rien, laisse-moi donner. Tout est là:
ne me connais pas. Je dévoile ton sexe, je suis miroir. Ne me regarde pas, laisse-moi jouir. Quitte-moi, retrouve l’espace. Je suis corps, je suis terre,
je suis vent. Emporte-moi, je suis partout.
Je te porte. Je te vénère, je te méprend:
ne soyons pas humains, hurle. Ma bête,
mon soupir, ma nuit. Prolonge-moi, je deviens
ombre, lumière dans tes yeux, de ta peau, je dilate.
Je t’ai voulue, je te veux, je te voudrai.



(07-04-02)

Vol de nuit.



Ils sont beaux, les chauve-souris.

Ils caressent l’eau, ils avalent l’air.

Ils sont libres, inapperçus,

jongleurs des rues, papillons des villes.

Ils appartiennent au jour comme au nuit,

ils occupent les frontières du jour et du nuit,

ils occupent la nuit.


L’intérêt des autres n’est pas le mien.

L’intérêt de moi, est celui de tous.




(07-04-02)

Appel.



Aide-moi à devenir sensible.

Aide-moi à surmonter le supportable.

Aide-moi à retrouver l’espace, le bonheur infininie du gratuit.

Sois ma diligence,

ma résidence,

mon tribunal sans sentence.

Si tu veux,

je te survivrai,

je parviendrai à t’égaler.

Je clignote, je signale,

tu es l’imprimée cachée d’une route partout présente.

Monte, continue,

je disloque les bras les plus vertébrés,-

je déconne.

Ma clairvoyance,

mon alternance,

ma béance.

Je suis l’ oeil chaleureux d’une vache paresseuse.

Ardent,

je te retrouve

comme orchestre croisé des nuages et du sol,

de ma vénération, de ma bénédiction.

Je te bénis,

sois bénie,

bienvenue au royaume du pas le plus perdu.

Sois vigilante au cadeau le plus amer,

sois plus forte que l’amertume,

je te préviens:

résiste-moi, à ma liberté,

au poison virtuel que je suis:

je suis descente infernale,

réflection involutive du bleu impérial.

Je suis violence incarnée,

affamée du denrée du destin.




(14-04-02)

Louange.



Si tu veux, tu seras: inspiration à long terme,

à moi, maintenant, une raison d’ouverture, de la lueur d’espoir.

Espoir dont je n’ai plus besoin,

amour dont je n’ai plus besoin:

ce mythe auquel je n’adhère plus,

ce mythe qui m’a rendu honteux.

Désir éternel, deuil impossible,

demande infinie du trou à combler:

ce mythe, je n’en veux plus.

Je ne suis pas perdu, je ne suis pas castré,

je ne suis pas châtré non plus:

ce mythe dénudé, je le quitte.

Quitte-moi.

Ne fais pas attention, laisse-moi disparaître:

brouillard dans tes yeux,

brume de tes mains.

Je me lèverai - il faut voir,

attendre rien du tout - je te porterai,

les fruits de la terre brûlée,

les yeux de la mort vaincue.

N’accepte mon anneau que quand ressuscité,

mon noyau qui se révolte sous les résidus de peur,

sous les couvertures sacrées de la honte virale,

girale.

Cassée, je serai,

mais non plus par l’histoire,

par la perplexité

de la splendeur triomphante du moment

s’éloignant d’une gloire indexée.

Il n’y a que la vie.

Il faut hurler de joie,

reprends-toi.




(14-04-02)

Chagrin d'amour .



Toi qui es devenue déception.

Toi qui as voulu être femme:

fuite, proie, bavardage -

tout ce dont je ne veux plus.

Toi qui es devenue rejet,

déchet de la nuit sans tombée.

Je t’évite, je te laisse, là où tu es,

soi-disant rêve, soi-disant crevé.

Reine ou roi d’un air nocturne:

je te survole, je t’emmerde.

Détresse sans larmes, rage sans cri:

tout le temps m’appartient:

l’instant, l’infini, l’amour

sans contrepartie. Je te maudis.

Toi qui me liras: à l’instant

où tu partages mes mots, mon amour

sera morte, même pas définie,

crépuscule de cette voie poétique.

Ne rien qui manque, on est bien doué.

Pourtant, tout a commencé.




(20-04-02)


Fuite.



Si toi, tu as été promesse d’amour,

tu me manque. Je t’ai aimée,

d’un seul coup. Tu m’as regardé

de ton air sceptique: tu as failli me rejeter.

Tu as voulu quoi? Je pense à toi.

Ta peau qui est pâle, j’y pense.

Ta posture qui est fragile, j’y pense.

Ta vision qui est chaude, j’y pense.

Je pense à tes yeux qui poursuivent mes yeux.

Toi, qui as été instant, tout à coup,

pétri de chaleur, force infinie d’émotion:

je veux plus. Je ne veux plus.




(26-05-02)